Immersion Laotienne

Notre voyage en bus entre Hue (Vietnam) et Savannakhet (Laos) nous apprendra beaucoup sur le style de vie Laotien. Le trajet de 6 heures a rapidement été multiplié par trois sans raison particulière. Il en résulte simplement d’un manque d’organisation comique et d’une notion du temps qui passse quasi-inexistante, le tout soupoudré d’un manque de communication pathologique et d’une nonchalence coutumière! Nous nous retrouvons entassés comme des sardines entre des caisses de fruits, nos sacs trempés (il pleut sans arrêt depuis trois jours) et quelques familles locales installées par terre dans le peu d’espace restant dans ce bus surchargé. Comme il est parfaitement inutile de s’énnerver en Asie, nous prenons notre mal en patience en s’amusant du cocasse de la situation. À la frontière, alors que tous les touristes sont en train de remplir des formulaires d’immigration, le bus disparait! C’est la panique… après quelques minutes de stress, nous apprendrons qu’il est de coutûme que les passagers locaux, le chauffeur et sa famille aillent manger deux kilometres plus loin, du côté laotien. Le tout en nous laissant le soin de les rejoindre. Nous traversons donc cette frontière à pied et dans le noir, avec une petite pensée pour tous ceux qui ont déjà fait cette experience illégalement à la recherche d’un monde meilleur… Finalement, nous arriverons à bon port tard dans la nuit, autant épuisés que soulagés.

Le lendemain matin en sortant de notre chambre, le changement de climat nous frappe! Il fait beau, chaud et sec. En fait nous sommes en pleine saison sèche et, pendant les 20 jours que nous passerons au Laos, nous ne verrons pas une seule goute de pluie ni même un nuage menaçant! Entre la sècheresse des sols et les rues désertées par la chaleur, nous nous sommes parfois cru dans le far west américain.

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Deuxième différence notable: tout est calme et silencieux. Il n’y a pas bruit de klaxons et très peu circulation. Après trois semaines au Vietnam, ça fait changement! Pourtant les gens sont là, tapis au frais à l’ombre devant leurs maisons. Ils vaquent tranquillement à leurs occupations ou font simplement la sieste. Comme souvent dans les régions chaudes du monde, il ne fait pas bon de trop forcer. Au Laos les gens en sont fiers: moins on travaille, mieux on se porte! Faire la sieste sur les heures de travail semble être une règles non écrite que tout le monde respecte à la lettre. Souvent nous nous émerveillons de trouver deux ou trois personnes en charge d’un travail que beaucoup considèreraient à mi-temps. Même chose dans les déplacements: les horaires sont directement corrélées avec l’humeur et la motivation du chaufeur. C’est fascinant et inspirant de voir des gens prennant la vie telle qu’elle vient à ce point. Ils renient des concepts comme le stress ou la productivité pourtant tant répandus chez leurs voisins asiatiques et dans nos pays occidentaux. En cas de frustration, il est donc completement inutile de se facher contre des locaux qui ne comprendraient pas. Il vaut mieux vaut avoir un bon livre sous la main.

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Après le climat et la sereinité ambiante, un autre changement évident est celui de la religion. Les temples bouddistes et leurs toitures biscornues ont remplacés les dragons. Un peu partout, nous voyons des moines en tuniques oranges désambuler tranquillement dans les rues.

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La population du Laos est dix fois moins importante que celle du Vietnam, alors que les deux voisins sont comparables en terme de superficie. La densité d’une population a une influence majeure sur sa culture et ses attitudes. Généralement, moins de densité signifie moins se marcher dessus avec toutes les conséquences que cela implique…

De toute ces différences, celle qui nous marquera le plus reste la gentilesse et la générosité des gens. Après le Vietnam où nous avions pris l’habitude d’être constamment abordés de façon intéressée, les Laotiens nous paraissent timides et réservés. Les gens sont clairement moins extravertis, cependant il suffit d’un ”Sa bai dee” accompagné d’un sourire sincère pour voir leurs visages s’illuminer! Ils sont alors ravis de faire votre connaissance et feront de leur mieux pour aider, et cela sans attendre de compensation autre qu’un ”Kop chai lai lai” (merci beaucoup). Nous avons eu d’incroyables échanges humains, authentiques et seulement motivés par la curiosité de connaître des étrangers.

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Sur papier, le Laos est un pays très pauvre. Pourant, il nous semble que les gens vivent bien. En comparaison avec le Vietnam, les rues sont plus propres, les maisons plus grandes et les routes plus belles. Personne ne semble manquer de rien et tout le monde mange à sa faim! Méfions nous donc des statistiques… La conclusion que j’en tire est la suivante: les gens vivent bien lorsqu’ils ne dépendent de personnes d’autre que de leur communauté locale pour boire et manger. Inutile d’avoir un gros travail lorsqu’on a un potager, un poulailler, la jungle et une riviere à proximité! Si l’on supprime tout cela pour industrialiser, les salaires augmentent, mais les manques aussi. La monoculture remplace la permaculture traditionnelle, aliénant l’humain à un système conçu pour le dénaturaliser. Nous parlons beaucoup de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le combat contre le changement climatique. Malheuresement il est trop largement ignoré que l’industrialisation de l’agriculture et la déforestation contribuent autant (si ce n’est pas plus) au problème! Ces pratiques tant répandues tuent la capacité des sols à retenir l’eau et le carbone.

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Un jour, alors que nous faisons une brève halte à moto dans un petit village pour acheter quelques fruits, un homme aux cheveux gris m’interpelle et me fait signe d’approcher. Il parle couramment francais car, ayant grandit dans une colonie, il n’a pas eu d’autre choix que d’étudier dans la langue de Molière. Il nous invite spontanement à partager son repas. Au menu il y a du riz, du poisson fumé aux feuilles de bananier, des épices rouges et de la mangue; le tout rincé à la bière locale! Nous parlons longuement et la discussion est passionante. Pour lui, qui a pourtant connu l’époque coloniale et l’horreur des mines et des bombardements, nous sommes tous frères sur cette petite Terre aux ressources finies! Il y a de la place pour tout le monde, il suffit de prendre ce dont nous avons besoin et d’apprendre à partager un petit peu… C’est à nous les jeunes de prendre soin de notre planète car celle-ci est en danger! Lorsque je lui demande s’il a été témoin de changements au niveau du climat, ma question lui paraît stupide tellement la réponse est évidente! L’Asie du Sud-Est fait parti des régions les plus vulnérables du monde, touchée par des orages et des sécheresses plus sevères et fréquentes qu’autrefois. Dans ces pays, de tels évenements mettent en péril la vie des plus faibles. Autant dire que j’ai été profondement touché par cette discussion et sincèrement ému devant autant de sagesse et de tolérance.

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5 thoughts on “Immersion Laotienne

  1. Fascinating! Beautiful scenery. Laid back people. Quite a change from Vietnam and totally different from where you are now in Bangkok. I wonder how you will re-adapt to the “other world” after you return from 10 months “up-country”!

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    1. not doubt it will be difficult. we enjoyed Bangkok very much though. Lets say we still have more years to spend in big cities but on the long term, it will likely be in the countryside!

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