Le triangle d’or est une zone de non-droit à la jonction de la Birmanie, du Laos et de la Thailande. Célèbre pour ses ethnies locales, ses montagnes et ses cultures illégales, pendant des décennies cette région fût un lieu de pélerinage pour les fumeurs d’opium du monde entier. Depuis, le gouvernement Thailandais a déclaré la guerre aux trafiquants et les plantations de choux et de thé ont progressivement remplacées celles du pavot.
Pendant plus de deux semaines, nous parcourîmes le nord de la Thailande d’est en ouest, de la frontière laotienne jusqu’à Pai, à quelques kilomètres de la Birmanie. Dès notre arrivée en Thailande, certaines différences avec les pays voisins nous sautent aux yeux. Tout d’abord, le pays est clairement plus développé; les gens y parlent anglais et sont depuis longtemps habitués à fréquenter quotidiennement des millions d’expatriés et de touristes du monde entier. Les institutions semblent moins corrompues et plus sévères. Les policiers et les miliraires portent de vrais uniformes et beaucoup sont même motorisés! Sur la route, on roule à droite comme en Angleterre, en Australie et en Inde. Pourtant la Thailande est le seul pays de la région à n’avoir été ni une colonie ni un protectorat. Elle a plutôt occupé un rôle tampons entre les empires coloniaux francais (péninsule d’Indochine) et anglais (Birmanie, Inde, Malaysie). C’est toutefois le changement de mentalité qui nous marqua le plus. Les gens sont bien plus ouverts d’esprit et dévergondés que ceux que nous avons rencontré jusqu’à présent. Les tenus légères et les regards aguicheurs deviennent omni-présent. Il y a plus de gays, de lesbiennes et de travestis affichés (et tolérés) qu’à Montréal. Pourtant la métropole québécoise est connue pour être une des villes les plus gay-friendly du monde! En résumé, cette arrivée en Thailande nous donne l’impression d’avoir fait un saut immense nous rapprochant du développement et de l’ouverture d’esprit occidentale, formant ainsi un vrai paradis pour des millions d’expatriés qui y vivent.
Chiang Rai & Phu Chi Fa
Nos premiers jours en Thailande nous amenèrent à Chiang Rai, une ville secondaire à l’extrême nord du pays. L’ambiance décontractée dans les rues, les petits cafés hipsters et deux temples délirants font de Chiang Rai une destination qui vaut le détour. Le Temple Blanc est l’oeuvre (toujours en construction) d’un artiste complètement déjanté qui n’a pas hésité à mélanger architecture classique et science fiction! Lorsque le soleil brille, les centaines de miroirs qui recouvrent le temple éteincellent de milles feux. À l’intérieur, des fresques futuristes mettent en scène Pikachu, Alien, Michael Jackson et Superman, symboles de la décadence occidentale.
A l’instar du Yin et du Yang, la ville possède aussi un temple noir. Bien plus reculé et moins touristique que le Temple Blanc, l’endroit plonge ses visiteurs dans une ambiance lugubre. C’est une impressionante exposition d’objets de torture sexuelle de bois et d’os, de sculptures monstrueuses, de poupées vaudous accompagnées de cranes et des peaux d’animaux par centaines…
Un jour, nous partîmes à la découverte du ”plus beau” lever de soleil de Thailande. Le mont Phu Chi Fa se situe sur la frontière laotienne à plus de 1600 mètres d’altitude. L’ascension des dernieres centaines de mètres se fît à pied. La lune était tellement pleine et brillante que nous pouvions y voir comme en plein jour. Une fois postés sur le toit du monde, nous attendîmes silencieusement de voir le ciel s’éclaircir jusqu’à l’apparition du soleil, superbe disque rouge émergeant d’un océan de nuage sur laquelle flottent les montagnes du Laos. Le spectacle fût simplement sublime et grandiose, nous rappellant notre petitesse devant l’immensité qui s’étendait devant nous.
Chiang Mai & Pai
Durant notre seconde semaine en Thailande, nous partîmes faire un trek de 2 jours dans les montagnes du Triangle d’or à la rencontre des ethnies locales. Mené par notre guide Mr Ping Pong et ses trentes ans d’expérience, nous en avons beaucoup appris sur les plantes médecinales, les traditions locales et la transition de la région depuis que le gouvernement a déclaré la guerre aux trafiquants. Passioné par tout ce que notre guide dit, j’ai beaucoup d’affection pour Mr Ping Pong. ”Oh my Buddha!” me répond-il dans un éclat de rire. Il semble que le sentiment fût réciproque car il accepta de me vendre sa machette. Cet outil de fer forgé n’avait pourant jamais quitté sa ceinture depuis les sept dernieres années et l’avait suivi dans toutes ses expéditions à travers la jungle et les forêts de bambous.
Après l’isolement des montagnes, nous sommes retombés avec plaisir dans l’éffervescence citadine. Chiang Mai est la seconde métropole du pays où se trouve un équilibre intéressant entre tradition et modernité. Au programme du séjour: marchés de nuit, quartiers branchés, temples anciens et combats de Muay Thai!
Finalement, nous poursuivîmes notre route jusqu’à la petite ville de Pai. Comme la route pour s’y rendre est réputée pour ses 900 virages (sur 100 km), nous avons choisi la sensation de liberté à deux roues plutôt que celle de la nausée dans un bus bondé conduit par un chauffeur irresponsable. Cela nous permit de profiter des vues magnifiques ainsi que d’avoir l’impression de skier sur de la poudreuse fraichement tombée tellement le bitume était lisse et propre.
Une fois arrivés à Pai, nous nous sommes rapidement acclimatés à l’ambiance ultra-décontractée. Ville hippie tendance 21ème siècle, l’endroit est un véritable El Dorado pour jeunes vagabons en quête d’isolement. Cette destination est devenu très populaire pour la jeunesse Thai ainsi que des backpackers venus des quatres coins du monde. À quelques kilometres du village, une formation géologique très originale appelée The Canyon offre une vue imprenable sur l’une des plus belles vallées du pays. Tous les soirs, des centaines de jeunes viennent religieusement s’asseoir en silence sur les rebords du précipice de cette cathédrale de la Nature pour admirer le coucher de soleil.