Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours rêvé de jouer au Robinson Crusoé sur des plages de sable blanc bordées de cocotiers et de partir explorer la jungle luxuriante à la recherche de cascades secrètes. Combien de fois me suis-je imaginé grimpant des sommets rocheux au dessus de la cime des arbres pour guetter l’arrivée de pirates à l’horizon? Au début des années 2000, c’est le film ”The Beach” avec Léonardo Dicaprio qui continua d’attiser ce désir de découvrir les eaux turquoises et transparentes de la mer d’Andaman. C’est dans le sud du Cambodge et en Thaïlande que nous plongeâmes dans ces décors de cartes postales.
Une des particularités des climats tropicaux est la ténacité avec laquelle la vie fait son chemin. La chaleur et l’humidité créent les conditions idéales pour le développement des animaux et des végétaux sur terre comme dans l’eau. Cependant, cela signifie aussi une augmentation des dangers pour l’Homme. Parmi les plus connus et les mieux communiqués figurent la déshydratation, les infections bactériennes en tous genres, les serpents, les araignées et autres organismes venimeux. Ces îles sont aussi le berceau de certaines maladies tropicales encore méconnues et l’humidité omniprésente facilite la prolifération de moustiques, de mouches des sables et autres insectes assoiffées de sang. Chikungunya, zika, fièvre jaune, malaria, dengue…nous devons faire face à une longue liste de noms qui font froid dans le dos. De plus, il est inutile de se leurrer: la voracité et le nombre de moustiques (particulièrement pendant saison des pluies) rendent une protection totale tout simplement impossible. Malgré une combinaison savante de multiples méthodes de protection en tous genres, plusieurs piqures par jour sont inévitables. D’autre part, les bactéries présentes dans l’eau et le sable peuvent transformer la moindre égratignure en une grave infection. Sous l’eau, la marée peut changer un superbe récif de corail en un mur de rasoirs infranchissable. Malgré tous ces dangers, un autre grand risque de mort guette, suspendu à plus de 20 mètres du sol telle une épée de Damoclès prête à fendre le crâne du voyageur inconscient…Aussi anecdotique que cela puisse paraitre, les noix de coco sont une des principales causes de décès chaque année.
Un homme averti en valant deux, nous partîmes tout de même à la rencontre de ces paradis dangereux. Le mot Koh signifie ”île” en Thaï; notre voyage nous mena jusqu’à Koh Rong, Koh Lanta, Koh Phi Phi et Koh Tao.
Koh Rong
Koh Rong et sa sœur Koh Rong Samloem sont deux îles cambodgiennes restées inhabitées jusqu’en 2003. C’est l’émission de téléréalité américaine ”Survivor” qui exposera cet archipel au grand public. Depuis, bien que les bungalows en bambou aient fleuri, les deux îles restent encore sauvages. D’aucuns comparent Koh Rong à ce que fût le Sud de la Thailande il y a 20 ans. Les bâtiments en béton se comptent encore sur les doigts de la main et il n’y a ni route ni de voitures. Pour se déplacer, il faut affréter un bateau, marcher le long de la plage ou traverser la jungle sur des sentiers qui serpentent entre les lianes. Au fil de nos aventures, nous découvrîmes des superbes plages de plusieurs kilomètres, désertées par les humains et peuplées de milliers de crabes. Ces petits crustacés sympathiques travaillent fort pour construire de véritables temples des sables, œuvres d’art éphémères lavées par la marée.
Nous passâmes notre temps à Koh Rong à jouer aux explorateurs, à observer la vie sous-marine ou simplement à buller dans un hamac bercé par le bruit des vagues. Dans un tel cadre, il suffit d’attraper un masque et un tuba pour plonger dans un immense aquarium tropical plein de coraux, oursins, coquillages, anémones, mollusques, poissons, raies, tortues… Un soir, une baignade nocturne nous permit d’être témoin d’un spectacle incroyable: observer le plancton fluorescent! Lorsque les conditions sont réunies, brasser l’eau de mer permet d’illuminer les particules en suspension et de nager dans une eau noire entouré d’un nuage d’étincelles.
Après ces quelques jours au paradis, ce fût un véritable brise cœur d’apprendre que la Chine possède un bail de 99 ans sur l’île. Un énorme projet de développement (hôtels, routes, villas, port d’eau profonde, casino, aéroport, etc.) est en court de réalisation. Malheureusement, il semble que, ce petit coin de paradis soit déjà condamné à être bétonné et transformé en divertissement populaire pour chinois.
Koh Phi Phi
Cet archipel paradisiaque se situe en mer d’Andaman sur la cote sud ouest de la Thaïlande. La plus grande île, nommé Koh Phi Phi Don, est la seule à être habitée. Les rues exclusivement piétonnes invitent à se perdre dans le brouhaha de la ville. Cependant, Phi Phi Don est souvent critiquée pour son surdéveloppement avec ses airs d’Ibiza d’Asie du sud est. Tous les soirs sur la plage, les bars proposent d’incroyables spectacles de cracheurs de feu. Par la même occasion, ces établissements imposent un festival de décibels jusqu’à tard dans la nuit. De fait, cela attire une masse touristique de jeunes fêtards, généralement peu respectueuse de la culture locale ou de l’environnement. Bien que cet aspect de débauche et de décadence ait ternit la réputation de l’île, il suffit de marcher un peu pour se retrouver dans des endroits encore sauvages.
A moins de deux kilometres se trouve la superbe Koh Phi Phi Lei. Cette île se dresse comme une montagne dans la mer. Protégée par son titre de réserve nationale, cette endroit exceptionnel connut un grand succès avec la sortie du film The Beach. Depuis, plusieurs centaines de bateaux viennent chaque jour du continent et des îles voisines pour admirer ce joyaux de la nature, ses falaises et ses criques paradisiaques.
C’est aussi sur Phi Phi que j’ai eu la chance de vivre l’expérience de Songkrat, la nouvelle année Bouddhiste aussi appelée festival de l’eau. La Thaïlande célèbre le retour de la saison des pluies en transformant les rues en un gigantesque champ de bataille d’eau. Bien que les manifestations les plus impressionnantes se déroulent à Chiang Mai et Phuket, la petite île permet de profiter des festivités. Tous les âges sont conviés à s’armer de seaux, tuyaux d’arrosage et pistolets à eau pour tremper les passants. Il est inutile d’espérer rester sec à moins de rester cloitrer chez soi! Comme tous les coups sont permis, certains commerçants mettent à disposition des festivaliers d’immenses bassines replies d’eau glacée ou de colorants délébiles. Dans le cadre géopolitique actuel, il est bon de voir des gens du monde entier faire la guéguerre ensemble dans la joie et la bonne humeur.
Koh Lanta
A une heure de bateau de Phi Phi, l’archipel de Lanta est plus étendu et moins peuplée que sa voisine. L’ambiance y est ultra décontractée et l’Islam y est majoritairement pratiqué. Notre temps là-bas fût intégralement consacré à relaxer dans un hamac en écoutant du reggae en bord de mer, laissant s’écouler les heures avec comme seuls repères le soleil et la marée. Tous les soirs, l’océan se rétracte de plusieurs dizaines de mètres, laissant apparaitre des centaines de rochers noirs polis par le courant. La majorité des plages sur Lanta sont exposée plein ouest; offrant de superbes couchers de soleil. À l’horizon, les îles Phi Phi dessinent des ombres dans ce paysage multicolore. Finalement, les orages de la saison des pluis donnent au ciel des airs magique et dramatique. Un soir, épuisés par une longue journée de farniente, nous trouvâmes une belle mygale jaune tachetée de noir dans la salle de bain de notre bungalow, nous rappelant que malgré le confort de la civilisation, la vie sous les tropiques réserve bien des surprises…
Koh Tao
Koh Tao se situe sur la côte sud est de la Thaïlande. Plus excentrée que les autres îles, Tao est réputée pour ses conditions idéales à l’apprentissage de la plongée sous-marine. Possédant la plus grande concentration de clubs au monde, les vingt dernières années ont rendu la compétition féroces et les prix très attractifs. C’est donc là-bas que se réalisa un autre rêve d’enfant, celui de se transformer en mammifère marin et de faire qu’un avec le monde sous-marin. Les récifs coralliens et les eaux tropicales offrent une biodiversité marine exceptionnelle. Pendant nos cinq jours de formation, nous avons eu la chance d’observer une multitude de coraux, mollusques, crustacés et poissons. Mais les vraies vedettes furent les tortues marines; ces gros reptiles peu farouches se laissent observer de près, bien trop occupés à brouter algues et coraux.
Maintenant certifié par un organisme international, nous pouvons descendre jusqu’à 30 mètres de profondeur de nuit. Plonger en nocturne fût une expérience fascinante qui nous donna l’impression d’explorer un univers parallèle, magique et effrayant à la fois. Dans la noirceur totale, les faisceaux de nos lampes donnèrent au monde sous-marin un tout autre visage. Les couleurs sont différentes, la faune aussi. Afin d’observer les planctons fluorescents, nous nous assîmes les fesses dans le sable à près de vingt mètres de profondeur et éteignîmes nos lampes. Perdu dans une obscurité totale, il fallut attendre quelques minutes pour que nos yeux s’adaptent. C’est alors qu’apparurent des centaines de petites particules autour de nous, dessinant les silhouettes des autres plongeurs.
Après plus de onze plongées à notre actif, nous pouvons maintenant partir à la rencontre des raies Manta en Indonésie, se rendre au chevet de la grande barrière de corail en Australie et admirer les baleines dans les eaux de Polynésie.
Finalement c’est sur Koh Tao que nous avons eu la belle surprise de retrouver notre ami Jonathan. Cet avocat montréalais a tout plaqué pour réaliser son rêve: faire le tour du monde à vélo! Parti d’Angleterre il y a plus d’un an, ses mollets en titane et sa motivation d’acier l’ont propulsé sur plus de 17 000 km à travers bientôt trente pays. Je vous invite à suivre ses aventures, lire ses témoignages et admirer les photos magnifiques de son blog.
Wow!!! Je suis tellement fan de votre voyage, vous êtes chanceux
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